Électricité renouvelable : la Ville de Lille se met au vert

Avec la fin des tarifs régulés de l'énergie, les collectivités locales ont désormais la possibilité d'affiner leurs appels d'offre et d'enrichir leurs cahiers des charges à l'aide de critères ambitieux pour se fournir en électricité « verte », voir 100 % énergie renouvelable. En consommatrice avisée, la Ville de Lille a même conclu un marché « à haute valeur environnementale » avec Enercoop Nord - Pas de Calais pour la fourniture électrique de bâtiments communaux.

La fourniture d’énergie renouvelable est un nouveau champ pour la mise en œuvre de politiques de marchés responsables et d’achats durables. Depuis le 1er octobre 2013, la Ville de Lille a fait le choix de consommer une électricité d’origine 100 % renouvelable pour son parc d’éclairage public, ce qui représente environ 10 % de la consommation totale d’énergie. La disparition des tarifs réglementés de vente de l’électricité lui a donné l’opportunité de renforcer cet engagement. Ainsi depuis le 1er janvier 2016 et pour trois ans, la Ville a décidé que l’ensemble de l’électricité consommée par tous les bâtiments municipaux, soit plus de 300 bâtiments, serait issue d’une production d’origine renouvelable.

Du renouvelable non renouvelé !

Plusieurs lots ont été constitués et remportés par différents fournisseurs : Engie et EDF garantissent en partie l’achat d’une électricité certifiée renouvelable par le dispositif des certificats « garantie d’origine » qui attestent, pour chaque kilowattheure d’électricité consommé par la Ville, que l’équivalent est produit et injecté sur le réseau français à partir d’une source renouvelable. « Cette électricité effectivement renouvelable est issue d’installations de grandes hydrauliques, largement amorties et ne finançant pas le développement des moyens de production d’électricité renouvelable », explique Stéphane Baly, conseiller municipal délégué aux énergies, à l’éclairage public et à la gestion technique des bâtiments. « Dans l’objectif d’obtenir une électricité renouvelable mais aussi de développer des moyens de production, nous avons donc souhaité aller plus loin en obtenant une électricité produite à partir d’un mix d’énergies renouvelables et décentralisées (éolien, solaire photovoltaïque, hydraulique puissance inférieure à 12 MW, valorisation de la biomasse…) »

« Nous avons souhaité aller plus loin en obtenant une électricité produite à partir d’un mix d’énergies renouvelables et décentralisées »

Un marché spécifique à « haute valeur environnementale » de fourniture d’électricité renouvelable, favorisant la valorisation d’électricité renouvelable non liée à la présentation de certificat de garantie d’origine, a été créé et remporté par à Enercoop Nord – Pas de Calais. Quinze bâtiments recevant le grand public sont concernés : des médiathèques, des écoles, des centres sportifs et culturels dont la consommation globale annuelle est d’environ 1 GWh. « Nous avons transformé une contrainte en opportunité, poursuit l’élu. Construire un cahier des charges précis stipulant des critères ambitieux et attribuer un contrat de fourniture d’énergie en offre de marché, en dehors du fournisseur historique d’énergie, est désormais une compétence dans la collectivité. Des réflexions sont d’ores et déjà en cours pour un futur marché de fourniture de biométhane. » 

Lire aussi le portrait de Stéphane Baly, administrateur du CLER – Réseau pour la transition énergétique

65 000 euros économisés

Si le prix du kilowattheure de l’offre Enercoop est légèrement plus élevé, la mise en place d’actions de sensibilisation par la coopérative et les services de la ville, incluses au cahier des charges, devrait permettre de réduire les consommations et… in fine de contenir la facture. Cette stratégie de sensibilisation auprès des usagers des bâtiments a déjà montré ses preuves dans le cadre d’un dispositif intitulé « correspondants énergie ». En collaboration avec l’exploitant du marché de chauffage, les actions de sensibilisation ont permis d’encourager les usagers à économiser les énergies par des gestes utiles du quotidien. Au final, la consommation d’électricité a baissé de 6 % tandis que l’énergie consacrée au chauffage diminuait de 14 % dans quatorze bâtiments de la ville. Près de 65 000 euros ont ainsi été économisés sur dix mois. De quoi se fournir en énergie « verte » et locale, tout en assurant indirectement le développement de nouveaux équipements de production d’énergie renouvelable sur le territoire.

Publication

Cet article est extrait du CLER Infos n°112

Chaque jour, ils éteint sa lumière, baisse son radiateur, délaisse sa voiture ou paie sa facture énergétique. Qui ? Le « consommateur ». Lui, c’est nous, nous tous qui dépensons ou économisons l’énergie au quotidien. Cadre technique et financements adaptés, informations et prestations de qualité… pour nous permettre d’agir en « consomm’acteurs » avertis, de quoi avons-nous besoin ? Un dossier à retrouver dans le CLER Infos n°112.

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