Douze ans de « conseil en énergie partagé » sur le Pays de Fougères

Le Pays de Fougères rassemble plus de 77 000 habitants sur deux intercommunalités à l’Est de l’Ille-et-Vilaine. En 2016, le Pays fêtait les dix ans de son Conseil en énergie partagé (CEP). Comment le Pays a-t-il maintenu et fait évoluer la mission jusqu’à aujourd’hui ? Que reste-t-il à faire après plus de 10 ans de conseil aux communes en économies d’énergie ?

Sur ce territoire rural où les besoins d’ingénierie mutualisée sont forts, une mission énergie est lancée dès 2005. Démarre alors un service qui deviendra en 2008 un « conseil en énergie partagé ». D’abord gratuit et destiné à quelques communes, il est soutenu par l’Ademe sur trois ans dans le cadre d’un contrat « actions territoriales pour l’environnement et l’efficacité énergétique ». Aujourd’hui, la mission CEP compte trois conseillers et correspond à 2,5 équivalents temps plein, financés par les cotisations des communes adhérentes à hauteur de 1,17 euros par habitant. Chaque poste a bénéficié à sa création du soutien sur trois ans de l’Ademe et de la Région.

Diversifier les missions

Outre les missions « classiques » du CEP (surveillance des consommations, établissement d’un plan d’actions d’économies d’énergies, aide à la régulation, travail sur l’optimisation tarifaire et surveillance des sur-facturations, audits énergétiques…), les conseillers s’intéressent aussi aux consommations d’eau. Sollicités par les communes, ils les accompagnent de plus en plus finement sur les projets de rénovation, se rapprochant même du commissionnement – à savoir la recherche de cohérence entre toutes les étapes du projet afin de faciliter l’utilisation du bâtiment et d’éviter les dérives de performances dans les bâtiments rénovés.

Le troisième poste de CEP est également financé par un contrat fonds chaleur signé en 2017, pour favoriser le développement des énergies renouvelables thermiques. La mission CEP est ainsi en charge d’études d’opportunité pour la mise en place de projets bois-énergie ou solaire thermique dans les communes du territoire et de tout maître d’ouvrage excepté le particulier. Elle participe également au suivi des chaufferies bois avec l’association AILE dans le cadre d’un projet européen.

Un fort ancrage territorial

Intégrée au Pôle énergie du Pays et au réseau régional des CEP, la particularité de la mission du Pays est son taux d’adhésion (85 % de communes adhérentes) et la relation de confiance qu’elle a tissée avec les collectivités, qui sont de plus en plus nombreuses à adhérer. Les conseillers ont en charge une partie bien définie du territoire, pour être plus proches du terrain. Le fait que l’un des CEP soit en poste depuis dix ans et que Frédéric Marchand, le directeur du Pôle énergie, soit au Pays depuis treize ans n’y est pas non plus étranger. « Nous avons montré notre compétence, et nous avons gagné une véritable reconnaissance avec le temps. Cette légitimité est  importante pour convaincre un élu. Les personnes qui arrivent en poste peuvent rencontrer des difficultés, fonctionner en équipe ou en réseau régional permet de les positionner plus facilement », explique Frédéric Marchand, qui anime également le réseau breton des CEP.

25 % d’économie d’énergie en moyenne

Le Conseil en énergie partagé ne bénéficie pas partout d’une telle longévité et de la même confiance. La contrainte sur les dépenses de fonctionnement incite notamment les collectivités à revoir leurs priorités, en dépit de la rentabilité démontrée du CEP et des multiples services rendus. « En tant que techniciens, nous pouvons avoir tendance à nous autocensurer sur la mise en valeur des résultats, à cause de la marge d’erreur. Alors qu’on obtient des économies substantielles pour un coût dérisoire par rapport à des offres privées », commente Frédéric Marchand.

En effet, les communes adhérentes depuis dix ans ont diminué la consommation d’énergie de leur patrimoine de 25 % en moyenne. Pour autant, des économies très importantes sont encore possibles. Déjà bien occupée, la mission CEP du Pays de Fougères continue d’approfondir son accompagnement à la rénovation, sur le commissionnement et les aides financières pour déclencher plus de projets de rénovation performante. Elle réfléchit aussi à la manière de se rendre utile auprès d’autres cibles, comme le tertiaire privé et des établissements publics.

Par Esther Bailleul, chargée de mission Energie & Territoires au CLER – Réseau pour la transition énergétique

Publication

Cet article est extrait du CLER Infos n°121

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