Développer l’éolien pour maîtriser le prix de l’électricité

Un pas en avant, deux en arrière… Entre les annonces qui réaffirment la nécessité d’un déploiement rapide et ambitieux de l’éolien et les mesures qui freinent son développement, la filière ne sait plus sur quel pied danser. Le point avec Jean-Yves Grandidier, fondateur et président de Valorem, adhérent du CLER-Réseau pour la transition énergétique.

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Que pensez-vous des mesures annoncées par Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, le 5 octobre dernier?

La Ministre l’a rappelé : seules les filières éoliennes et photovoltaïques, qui sont largement complémentaires, peuvent en même temps décarboner notre mix énergétique et répondre à l’augmentation rapide de la demande d’électricité. Les mesures proposées sont portées par la filière, parfois depuis fort longtemps. Nous sommes heureux d’avoir un dialogue constructif avec l’État. Et nous avons intérêt à lever ensemble les freins au développement de l’éolien, en limitant ses aspects négatifs : qu’il s’agisse des impacts sur l’avifaune, de nuisances sonores ou de pollution lumineuse. Les solutions technologiques existent.

Quelle serait, selon Valorem, la mesure phare à mettre en œuvre ?

Nous plaidons  chez Valorem pour un ciel noir. En Allemagne, les éoliennes détectent les transpondeurs des aéronefs et allument leurs balises aériennes qu’au passage des appareils. Nous devons faire la même chose.

Que pensez-vous de « l’instruction 1050 » qui, depuis juin 2021, porte à 70 kilomètres le périmètre d’éloignement des éoliennes autour d’un radar militaire ?

Je peux comprendre les impératifs de sûreté. Mais si l’armée émet systématiquement des avis défavorables à l’implantation d’éoliennes dans les zones de coordination des radars, cela impactera 60% à 80% des projets en cours. Nous avons déjà du mal à atteindre les objectifs de la programmation pluriannuelle de l’énergie. Avec ce bâton supplémentaire dans les pales, il nous restera 4,5% du territoire pour passer de 20 GW à 70 GW d’éolien terrestre en 30 ans. Ce n’est pas raisonnable et nous avons déposé un recours devant le Conseil d’État.

Comment favoriser le développement maîtrisé et soutenable de l’éolien ?

Nous avons un pays extrêmement propice à l’éolien, par sa géographie mais aussi parce qu’il est interconnecté avec ses voisins. Aujourd’hui, les prix de l’électricité s’envolent. Les énergies renouvelables sont des énergies produites et consommées localement, qui garantissent notre indépendance énergétique et nous mettent à l’abri de ces hausses tarifaires. Un mix énergétique avec beaucoup d’énergies renouvelables est moins cher qu’un mix fossile ou majoritairement nucléaire. Une électricité bon marché nous donne un avantage compétitif qui profite à la fois à nos industries et aux ménages. L’éolien présente des avantages réels : les installations, contrairement au nucléaire, sont totalement réversibles. Elles sont en outre recyclables à près de 95%. Une solution serait de pouvoir monter en hauteur pour gagner en puissance. L’impact paysager repose sur le nombre d’éoliennes, pas sur leur taille. Avec de grandes éoliennes de 5 à 6 MW comme celles que nous allons installer en Finlande dans deux ans, on parvient à un prix compris en 40 et 50 €/MWh. Soit le prix historique du MWh nucléaire.

Quel rôle doit, selon vous, jouer le CLER-Réseau pour la transition énergétique ?

En tant que réseau pour la transition énergétique, le CLER peut aider les industriels des énergies renouvelables et les ONG à se regrouper pour bâtir une stratégie de communication et un plan d’actions. L’objectif : rendre l’éolien désirable par nos concitoyens (production propre d’électricité, création d’emplois locaux non délocalisables, amélioration du pouvoir d’achat des ménages) et gagner les prochaines batailles. 

« Les énergies renouvelables sont des énergies produites et consommées localement, qui garantissent notre indépendance énergétique et nous mettent à l’abri de ces hausses tarifaires »