Des innovations technologiques au service de la transition énergétique
Dans notre pays qui a beaucoup misé sur la technologie nucléaire, la transition énergétique et toutes les technologies nouvelles associées – énergies renouvelables et efficacité énergétique – viennent bouleverser la donne. En réorientant la recherche sur ces nouveaux secteurs d'activité et en misant sur des innovations plus sociales et économiques, nous continuerions à écrire une histoire de l'énergie sobre et sans carbone.
Depuis la Seconde guerre mondiale, EDF et GDF font la pluie et le beau temps dans le secteur de l’énergie en France. Une réglementation, une filière économique, le monde de la recherche… beaucoup d’acteurs ont bâti leur culture et leur vision sur le socle posé par ces deux entités, hier publiques, aujourd’hui privatisées. Ainsi, depuis cinquante ans, l’intérêt général va de pair avec les intérêts particuliers de nos deux grands champions nationaux. Cette particularité française a engendré une vision « techniciste » de l’innovation que la transition énergétique vient aujourd’hui complètement bousculer.
Ce mouvement global pour une société moins consommatrice en énergie et basée sur les énergies renouvelables locales ouvre des champs de recherche nouveaux… dont la plupart sont encore inexplorés. Combien d’articles ont été écrits sur le thème de la production d’énergie ? Indéniablement plus que sur le thème de la rénovation énergétique, qui donne lieu à une production intellectuelle famélique quand bien même il s’agisse d’une priorité inscrite au programme de plusieurs candidats à l’élection présidentielle.
Cadre idéologique
La recherche, financée par les pouvoirs publics, est tributaire de ce cadre idéologique étroit posé par ces « ex-monopoles publics » et l’Etat qui siège à leur Conseil d’administration. Les ONG ont longtemps dénoncé la prépondérance du nucléaire dans les budgets de recherche du secteur de l’énergie. Aujourd’hui, le financement public se rééquilibre en faveur des « nouvelles technologies de l’énergie », les renouvelables et l’efficacité énergétique en tête (voir graphique ci-dessus). Cependant, ce sont toujours des acteurs économiques dominants qui semblent bénéficier du soutien des pouvoirs publics et du coup de pouce médiatique associé, pour développer des projets dont on peut douter de l’efficacité, au détriment d’acteurs territoriaux plus constructifs dans leur démarche, mais moins tape-à-l’œil.
Car à quels besoins les innovations, qu’elles soient techniques, économiques ou sociétales, sont-elles censées subvenir ? Plutôt qu’à l’appétit des acteurs économiques dominants, ils doivent s’intéresser aux attentes des citoyens, des collectivités locales et de l’ensemble des acteurs économiques travaillant sur le terrain. Face aux limitations budgétaires, la recherche fondamentale pour de nouvelles innovations techniques ne doit pas faire de l’ombre au déploiement des technologies éprouvées, dont la transition énergétique a besoin, et que l’ensemble de la société n’a pas encore intégré.
Par Joël Vormus, directeur adjoint du CLER – Réseau pour la transition énergétique
Innovations : derrière l’écran de fumée des plans « marketing »
Grâce à un bel effort de communication positive, certaines solutions paraissent révolutionnaires. En éclipsant les vraies innovations, elles sont parfois contre-productives. Alors, gadgets ou rupture technologique ? La « route solaire » par exemple, portée par la société Colas, a été largement plébiscitée par Ségolène Royal, alors Ministre de l’écologie, au cours de son mandat. Ce projet de recherche en phase de développement ressemble à une prouesse technique… mais son intérêt économique est à relativiser : à puissance équivalente, un panneau photovoltaïque installé en toiture coûterait 13 fois moins cher, 17 fois s’il est installé au sol. Un coût et un manque de maturité technologique à court terme qui ne fait qu’entretenir le mythe d’un photovoltaïque cher et peu fiable…
Cet article est extrait du CLER Infos n°115
La transition énergétique repose sur une multitude d’outils et de nouvelles technologies que les chercheurs découvrent et expérimentent. Industrialisés, certains font leur entrée dans la vie quotidienne de millions d’individus qui sont ainsi amenés à se les approprier. Associées aux innovations sociales et économiques, elles sont un formidable levier d’actions pour déployer les énergies renouvelables et réaliser des économies d’énergie.
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