Service public de la rénovation énergétique : les acteurs locaux fragilisés
Alors que se tiennent les rencontres nationales de l’habitat privé les 12 et 13 octobre à Lille, le CLER-Réseau pour la transition énergétique demande des moyens pérennes et suffisants pour maintenir un service public de qualité et faire face à la fragilisation croissante des structures de mise en œuvre.
Depuis sa création, le CLER-Réseau pour la transition énergétique a largement contribué à l’émergence des activités d’accompagnement aux particuliers en matière de maîtrise de l’énergie et à la création du métier de conseiller info-énergie. Il a notamment permis aux associations locales de porter ce service public d’information, de conseil et d’accompagnement des ménages dans leur projet de rénovation énergétique et œuvré pour l’introduire dans la loi. En tant que tête de réseau, il donne la parole aux acteurs locaux, indispensables à l’accompagnement des ménages, confrontés aujourd’hui à de nombreuses difficultés.
La parole à
Adeline Gimenez, coordinatrice de l’activité conseil auprès des particuliers au sein de l’Ageden
Au fil des ans, j’ai constaté une forte évolution du métier. Le dispositif des aides financières est tellement complexe, que le temps est davantage consacré à l’explication et au décryptage de ces aides, et moins à la dispense de conseils techniques, qui est pourtant la raison d’être des espaces conseils. Surtout, ces aides sont parfois en conflit avec nos préconisations techniques. Dans la plupart des cas, les particuliers peuvent obtenir des aides plus importantes pour changer leur système de chauffage que pour faire réaliser une isolation par l’extérieur.
Le système n’est pas fait pour encourager des rénovations globales et performantes – ce qui est antinomique avec notre fonction ! Beaucoup de conseillers se découragent. Personnellement, je suis inquiète car la rénovation énergétique ne va pas dans le bon sens, alors que les enjeux climatiques et énergétiques sont bien réels.
Pour y remédier, il faudrait mettre fin au paiement à l’acte, adopter une politique nationale pour éviter les démarchages des particuliers pour des travaux inefficaces, et enfin modifier en profondeur le système des aides – avec un système pérenne, plus simple, plus lisible et qui encourage réellement les rénovations performantes.
Pierre Le Rouzic, coordinateur Pôle conseil particulier SPPEH chez ALOEN – Agence Locale de l’Energie et du Climat de Bretagne Sud
Il est urgent de remettre en cause le fonctionnement du paiement à l’acte. Ce fonctionnement a totalement transformé notre métier de conseiller rénovation énergétique. On nous demande de devenir de simples téléopérateurs – financés selon le nombre d’actes à réaliser. La qualité, pourtant indispensable dans le domaine de la rénovation énergétique, est sacrifiée. De fait, la démotivation gagne, avec un risque de démissions massives des conseillers rénovation énergétique.
Autre difficulté : l’absence de stabilité du système d’aides proposé aux ménages. Lors de la mise en place des dispositifs Ma Prime Rénov’ et le forfait de rénovation globale financé par les certificats d’économie d’énergie (CEE), nous avons orienté de nombreux ménages vers la réalisation d’audits énergétiques. Or, depuis, les critères d’éligibilité aux CEE ne cessent de changer et la grande majorité des dossiers sont rejetés ! Une situation qui cristallise l’incompréhension et le mécontentement des ménages qui finissent par abandonner leur projet.
Les Espaces France Rénov’ : une garantie de qualité et d’équité
Cofinancés par l’État, deux agences publiques (Anah et ADEME), et les collectivités locales, les espaces France Rénov’, chevilles ouvrières du service public de la rénovation de l’habitat, ont fait leurs preuves. Reconnus comme tiers de confiance par les ménages engagés dans des projets de rénovation énergétique, ils jouent un rôle essentiel dans le passage à l’action. Les ménages ont tendance à engager en moyenne 3 lots de travaux contre 1,3 s’ils ne passent par le service. Cette augmentation de bouquet de travaux a des répercussions directes sur les économies d’énergie générées.
Lire l’étude de l’ADEME