La concertation est arrivée avant les projets. « Notre communauté de communes, a succédé, en 1996, à une association de communes qui avait pris l’habitude de travailler avec les habitants. Nous avons gardé ce pli et la consultation fait désormais partie de notre culture » se souvient Jean-Marie Oudart, vice-président de la Communauté de Communes des Crêtes Préardennaises, en charge de la transition, de la mobilité, de l’agriculture et de l’alimentation durable. La mobilisation de la société civile a été indispensable pour construire l’identité de ce territoire rural qui réunit, sur 1 000 km2, 22 573 habitants répartis sur 94 communes. 

Un territoire attractif

« Grâce à l’animation citoyenne, des sujets ont émergé conduisant à des projets concrets » poursuit l’élu. La réflexion commune sur les choix de production, qu’il s’agisse d’alimentation ou d’énergie, a abouti, entre autres, à la création d’une agence locale de l’énergie, puis des projets de développement d’énergie renouvelable : parc éolien citoyen, centrales photovoltaïques villageoises… Un plan climat est adopté. La  collectivité rejoint alors le programme européen LEADER puis le réseau TEPOS. Elle est aussi  labellisée Territoire à énergie positive pour la croissance verte. Autant d’actions qui profitent à l’environnement mais aussi à la démographie et à l’économie. « Le territoire a gagné en attractivité, les habitants ne viennent pas ici par hasard : les Crêtes sont perçues, à juste titre, comme un territoire dynamique » se réjouit l’élu. De fait, la population du Pays des Crêtes préardennaises a augmenté. Et en matière d’électricité renouvelable, les résultats ont dépassé les objectifs : la production s’élève désormais à 212 % des consommations électriques du territoire.

Une dynamique citoyenne

« Nos réflexions actuelles portent sur la mobilité, avec l’adoption prochaine d’un schéma directeur cyclable et la mise en place de Rézo Pouce, un réseau d’auto-stop organisé » décrit Rebecca Bourrut, chargée de mission TEPOS. « Et sur l’alimentation » renchérit Jean-Marie Oudart, soulignant qu’un projet alimentaire territorial est en cours de déploiement. Ensemble, élu et chargée de mission s’efforcent de faire évoluer les habitudes des consommateurs et les pratiques des agriculteurs. Systématiquement, environ 150 citoyens volontaires, anciens comme nouveaux habitants, représentatifs de l’ensemble du territoire, sont associés à l’élaboration et la mise en œuvre des projets.

L’animation : un levier indispensable

 « La transition écologique, les défis du changement climatique obligent à des approches transversales, pourtant il reste encore difficile de sortir des silos » déplore le vice-président de l’intercommunalité. La clé du succès ? L’ingénierie territoriale. « Quand le contrat de notre chargé de mission ClimAgri est arrivé à son terme, tout s’est arrêté. Les projets n’ont pu reprendre qu’avec l’arrivée d’un nouveau chargé de mission agriculture et alimentation durables. Sans animation, rien ne se passe » insiste Jean-Marie Oudart.