Chèque énergie : un montant trop faible pour aider les familles en précarité

Mardi 10 mai, la ministre du développement durable et de l’énergie a présenté le dispositif du chèque énergie prévu pour 2018 et expérimenté en Ardèche, Aveyron et Côte d’Armor depuis le 1er mai.

 Il remplacera les « tarifs sociaux » de l’énergie pour l’heure cantonnés à l’électricité et au gaz de ville, en les généralisant à toutes les sources de chauffage. Dans un contexte d’augmentation continue des prix de l’énergie, cette mesure était très attendue par les associations de lutte contre la précarité énergétique qui tirent pourtant la sonnette d’alarme. Elles estiment que le montant de cette aide est insuffisant et ne permettra pas aux plus précaires de se chauffer dignement.

Mesure-phare de la Loi de transition énergétique pour lutter contre la précarité énergétique, le projet de « chèque énergie » du gouvernement risque de ne pas être à la hauteur des enjeux. Le décret qui est paru début mai prévoit en effet une aide de 150 euros en moyenne et par an. Ce montant variera en fonction du revenu fiscal de référence et du nombre de personnes qui composent le foyer. Alors qu’une personne seule disposant d’un revenu fiscal de référence de 6000 euros recevra chaque année un chèque de 96 euros, un couple avec deux enfants disposant d’un revenu fiscal de référence de 10 000 euros recevra lui chaque année un chèque de 227 euros…

Censé assurer aux ménages précaires un accès universel au chauffage, ce chèque concernera certes un nombre accru de ménages (4 millions selon le ministère contre 3 millions pour les tarifs sociaux actuels), mais de tels montants ne leur permettront pas de faire face à des factures d’énergie de plus en plus exorbitantes, estimées à 1800 euros par famille et par an en moyenne. Lors du dernier Conseil supérieur de l’énergie, le 26 janvier 2016, la Fondation Abbé Pierre et le CLER ont donc défendu l’idée que le montant du chèque énergie soit augmenté pour atteindre un minimum de 400 euros par an en moyenne, pour « plus d’adéquation avec les enjeux et les retours des acteurs de terrain ».

Car il ne s’agit pas seulement de confort : il est désormais démontré que la privation de chauffage a des conséquences aiguës et chroniques sur la santé (provoquant de nouvelles dépenses de soin). Pour faire face à la réalité du coût de l’énergie, en constante augmentation, le gouvernement doit également ré-évaluer le montant des forfaits de charge des allocations logement. Censés aider les allocataires à payer leur charges (en plus du loyer), cette aide n’a plus aucun rapport avec les prix de l’énergie… et ce n’est malheureusement pas le chèque énergie qui compensera ce retard.