Renforcer les mécanismes d’aides à la rénovation énergétique

En octobre, l’Institut de l’économie pour le climat I4CE a publié une étude intitulée « La transition écologique est-elle accessible à tous les ménages ? » Le bilan de ces travaux incite à renforcer encore les mécanismes d’aides à la rénovation énergétique. Décryptage.

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Des aides en forte augmentation et plus ciblées…

Le montant maximal d’aides qu’un ménage peut obtenir pour la rénovation d’une maison individuelle est passé d’environ 20 000 € à 50 000 € entre 2008 et 2023, soit une augmentation d’environ 160 %. « Parallèlement, les mécanismes d’aides à la rénovation énergétique ont été davantage indexés sur les revenus. De fait, l’augmentation des aides a été nettement plus importante pour les ménages modestes et des classes moyennes que pour les ménages aisés », indique Charlotte Vailles, chercheuse à I4CE.

A l’heure actuelle, les aides  pour la rénovation d’une maison sont deux fois plus élevées pour les ménages modestes que pour les ménages aisés. Le montant des aides peut ainsi couvrir jusqu’à 60% du montant de l’investissement pour les ménages modestes.

… mais qui ne lèvent pas tous les freins

Malgré l’augmentation des aides à la rénovation énergétique observée ces dernières années, le reste à charge que les ménages financent par apport personnel ou en contractant un prêt, se compte encore en dizaines de milliers d’euros pour une rénovation. Une somme qui représente souvent plus d’un an de revenus pour les classes moyennes, et 10 ans ou plus de revenus pour les plus modestes.

L’éco-prêt à taux zéro (écoPTZ), dont le plafond a été réhaussé à 50 000 € pour les rénovations performantes, représente une solution de financement pour couvrir le reste à charge. En effet, pour les ménages qui parviennent à contracter un éco‑PTZ, les économies d’énergie engendrées sont suffisantes dans la plupart des cas pour couvrir les mensualités du reste à charge. « Cependant, l’obtention d’un éco‑PTZ est associée à de nombreux freins, » ajoute Charlotte Vailles. « Parmi eux, la complexité des démarches administratives et le taux d’endettement induit par le prêt qui s’ajoute à l’endettement pour l’achat du logement, excède souvent le plafond autorisé par les banques. »

Les leviers d’accessibilité à mobiliser

La révision annoncée de MaPrimeRénov’ pour 2024 est une bonne nouvelle : l’augmentation des aides pour les rénovations performantes permettra de baisser le reste à charge pour tous les ménages, pour tous les logements. Toutefois, bien que l’augmentation des aides soit plus marquée pour les ménages modestes, la question de la capacité d’endettement se posera toujours pour certains. Afin de contenir le taux d’endettement dans les limites acceptable, une augmentation des aides de plus de 20 % serait nécessaire pour les ménages modestes et une partie des classes moyennes.  « Cette hausse pourrait être financée par un rebasculement d’une partie des aides octroyées aux plus aisés », suggère Charlotte Vailles.

Il faudra également avoir en tête que l’accès aux solutions pour les ménages est une question plus large que leur capacité économique à faire les investissements. D’autres freins devront être levés. Il faudra notamment développer la formation des artisans, renforcer l’offre d’accompagnement des ménages, faciliter l’accès à des solutions de relogement le temps des travaux, et simplifier les démarches administratives.