A la rencontre des acteurs de la transition énergétique : le SIPHEM
Les membres du CLER se réuniront à Bordeaux en 2018. Dans cette perspective, mettons le cap sur la Gironde où le Syndicat mixte inter-territorial du Pays Haut Entre-deux-Mers (SIPHEM) nous raconte ses stratégies locales pour la transition énergétique. Coup de projecteur.
Le SIPHEM (syndicat mixte interterritorial du Pays Haut Entre-deux-Mers) a été créé en 1987 avec la volonté de mener une politique locale de l’habitat qui combine les questions du logement, de l’énergie, des services à la population et des espaces publics. Le SIPHEM a mis en place progressivement des politiques fines et concertées dans les domaines de l’habitat et de l’énergie pour le compte de ses trois communautés des communes, soit 124 communes et 58 300 habitants (composition du territoire au 1er janvier 2018). La Maison de l’Habitat et de l’Energie, guichet unique du Syndicat, associe l’ensemble des partenaires : élus, administrations et toute la population du territoire. Elle a pour rôle d’accueillir, d’informer, d’animer et d’évaluer les actions menées.
Entretien avec Christelle Biennard, chargée de mission Energie (TEPOS/TEPCV) au SIPHEM
Il y a trois ans, le SIPHEM témoignait de son engagement lors d’une téléconférence TEPOS et lançait une mission d’assistance à maîtrise d’ouvrage TEPOS. Qu’en est-il aujourd’hui et où en est le syndicat ?
Cette mission d’accompagnement TEPOS vient de se terminer et a permis de définir la stratégie du territoire et le plan d’actions associé. A l’horizon 2030, nous avons deux objectifs : la réduction des consommations d’énergie de 30 % (par rapport à 2010) et la couverture des consommations par une production d’énergie renouvelable à hauteur de 60 %. D’ici 2050, le SIPHEM vise une production d’énergie renouvelable au moins équivalente (voire excédentaire) à la consommation d’énergie, c’est à dire atteindre l’objectif TEPOS.
Pour aller dans cette direction, nous avons identifié quatre axes d’actions prioritaires : la rénovation des bâtiments (habitat et tertiaire), le développement de la filière biomasse et des ENR thermiques, le développement des énergies renouvelables solaire photovoltaïque et méthanisation, et l’intégration des enjeux énergie dans les documents de planification. Un certain nombre d’actions sont déjà en cours, il s’agit dès à présent d’accélérer leur déploiement, mais également de développer de nouvelles actions.
« Le territoire comporte déjà plusieurs chaufferies biomasse et leurs réseaux de chaleur, mais nous souhaitons développer les énergies renouvelables électricité et gaz ».
La moitié des consommations du territoire concerne les déplacements mais le syndicat n’a pas de compétence sur la mobilité. C’est la raison pour laquelle nous nous associons à d’autres échelles pour réussir notre stratégie TEPOS. Par exemple, nous sommes en très étroite collaboration avec le Syndicat Mixte du SCOT Sud Gironde, dont le territoire comprend celui du SIPHEM, avec l’objectif que le Plan Climat élaboré par le Syndicat Mixte Sud Gironde vise l’objectif TEPOS, objectif déjà porté par les EPCI adhérents au SIPHEM.
Le SIPHEM, 30 ans de mutualisation volontaire sur l’habitat et l’énergie : 4e téléconférence TEPOS
Vous parlez d’une réflexion autour de la transition énergétique du territoire en pleine ébullition. Pouvez-vous nous en dire plus ?
En effet, parmi les quatre axes listés précédemment, un certain nombre d’actions sont en déploiement ou vont être développées sur le territoire. Pour ce qui concerne la rénovation des bâtiments, le SIPHEM a lancé des Opérations Programmées d’Amélioration de l’Habitat depuis 15 ans. Aujourd’hui, il est nécessaire d’accélérer la rénovation des logements par des OPAH dédiées « transition énergétique » et par le déploiement de notre plateforme territoriale de rénovation énergétique. Par ailleurs, le SIPHEM souhaite développer un dispositif de formation sur son territoire vers les entreprises du bâtiment et les inciter à se grouper pour réussir la rénovation globale et performante.
Le territoire comporte déjà plusieurs chaufferies biomasse et leurs réseaux de chaleur associés mais nous souhaitons développer les énergies renouvelables « électricité » et « gaz ». Pour cela nous comptons réaliser un cadastre solaire pour favoriser le développement de projets photovoltaïques, notamment participatifs. Il en est de même sur les projets de méthanisation, sur lesquels nous souhaitons impliquer les habitants.
Enfin, sur la filière biomasse, nous souhaitons poursuivre le développement et la pérennisation d’une filière bois-énergie locale en circuit court, au profit du développement local, avec une stratégie amont et aval : à la fois une stratégie forestière et foncière pour développer les ressources bois énergie, mais également en aval, en mutualisant l’exploitation des chaufferies et l’approvisionnement avec la création d’un opérateur dédié.
Les élus ont été très impliqués dans la démarche, grâce notamment au jeu « Destination TEPOS », qui est un très bon outil pour les appuyer dans leur vision stratégique. De plus, le syndicat cherche à impliquer les habitants dans les diverses actions, lors des rencontres de la transition énergétique qui ont lieu sur le territoire. Quatre rencontres sont prévues pour 2018 sur le territoire. Cette transition énergétique ne peut réussir que si elle s’inscrit dans l’intérêt général et répond à des attentes des citoyens.
Au sein de la stratégie du SIPHEM, pouvez-vous présenter une action innovante mise en œuvre ou en développement sur le territoire ?
Pour développer la production d’énergie renouvelable du territoire, le SIPHEM souhaite monter son opérateur énergétique territorial, dans une logique d’intégration investissement, approvisionnement et exploitation, sur le bois énergie et aussi sur les autres filières. Nous avons pu échanger avec d’autres acteurs, comme SERGIES par exemple, pour préciser nos attentes. En effet, au vu des objectifs TEPOS et dans un contexte budgétaire contraint, cet outil d’opérateur énergétique territoriale est nécessaire pour changer d’échelle.
En savoir plus : Siphem.fr