À Montreuil, les Toits Bleus fêtent leurs 20 ans

Avril 2002, 220m2 de panneaux solaires voient le jour sous le nom de Toits Bleus. Située sur le toit d’un HLM du quartier de Croix-de-Chavaux à Montreuil, en Seine Saint-Denis, cette centrale solaire a été initiée par le CLER-Réseau pour la transition énergétique. Retour sur ce projet pionner.

Toits Bleus : un projet ambitieux

En 2000, le CLER-Réseau pour la transition énergétique occupe, avec 6 autres associations environnementales, des bureaux dans un HLM de 4 étages et 11 logements situé au 2B rue Jules Ferry à Montreuil.  Greenpeace lance sa campagne de dons “Branchez-vous soleil” pour financer le projet porté par le CLER-Réseau pour la transition énergétique : installer 20m2 de panneaux solaires sur le toit du bâtiment. Très vite, vient s’ajouter le soutien de l’OPH de Montreuil, propriétaire du bâtiment, du département de la Seine-Saint-Denis et de la Région Ile-de-France. Grâce au programme européen de l’époque nommé Hip-Hip et piloté par l’ADEME , un cofinancement est mis en place à hauteur de 50% (35% de la Commission européenne et 15% de l’ADEME). L’ambition du projet est revue à la hausse : les panneaux solaires occuperont la totalité de la surface disponible sur la toiture-terrasse, soit 220m2 !  

Après une année de montage financier et administratif, 15 jours d’études techniques réalisées par HESPUL et 10 jours de travaux d’installation, la centrale solaire voit le jour en avril 2002.

« Cette installation arrive au moment où l’État français met en œuvre le premier arrêté tarifaire avec comme objectif de développer la filière du solaire photovoltaïque. Alors que ces projets étaient à l’époque tous financés par l’Europe, c’est la première fois que l’État français via l’ADEME participe au cofinancement d’un projet solaire photovoltaïque. C’est un élan de financement pour la filière avec des projets de puissance équivalente ou supérieure. » explique Bruno Gaiddon, expert photovoltaïque au sein d’HESPUL ayant participé au montage technique du projet.

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Les débuts de l’autoconsommation avec les Toits Bleus

Selon les prévisions, la production annuelle estimée devait s’élever à 20 000 kWh environ. Après dix années d’exploitation, l’installation a produit en moyenne 22 000 kWh/an, soit près de 10% de plus. Cette production correspond à la consommation moyenne en électricité (hors chauffage et eau chaude sanitaire) de 7 foyers.

Une partie est utilisée pour les usages communs du bâtiment. Les bénéfices de la vente d’électricité au réseau sont quant à eux réinvestis pour réduire les charges locatives pour l’ensemble du bâtiment, réaliser d’autres installation solaires ou encore des travaux d’amélioration de l’efficacité énergétique dans les logements de l’OPHLM.  Et le succès est là !

« Si on nous fournit de l’énergie non polluante gratuite qui peut nous faire réaliser des économies, je suis pour », déclarait il y a 20 ans un habitant dans la Dépêche de Montreuil.

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Yves cochet, Ministre de l’environnement inaugure les Toits Bleus en avril 2002.

Une dynamique vertueuse

Lancé à une époque jugée difficile pour les énergies renouvelables, et notamment pour le photovoltaïque, ce projet a participé à l’évolution du contexte, devenu depuis beaucoup plus favorable (tarif d’achat, crédit d’impôt pour les particuliers…). 

« A l’époque nous sommes vraiment au balbutiement du photovoltaïque en France. Ce projet est tout particulier car il a été inauguré par Yves Cochet, Ministre de l’environnement. C’était alors une vraie reconnaissance des pouvoirs publics et du gouvernement. On peut parler même d’une officialisation de la filière du photovoltaïque. » se souvient Bruno Gaiddon.

Le CLER-Réseau pour la transition énergétique a su profiter de cette installation pour informer et sensibiliser professionnels de l’énergie, étudiants, enseignants et lycéens sur les opportunités offertes par le solaire photovoltaïque et son fonctionnement. Entre 2002 et 2010, l’association a ainsi organisé 80 visites avec 1 300 visiteurs au total. « Cette installation était unique en son genre : une première urbaine, sur un toit terrasse facile d’accès et avec sur place les personnes capables de parler du projet. Les Toits bleus ont été précurseurs en terme d’outil pédagogique, ils ont pleinement joué leur rôle de démonstration. Ces installations visitables sont très rares, nous cherchons encore aujourd’hui à en créer. » ajoute Bruno Gaiddon. 

Déjà, il y a 20 ans, le CLER-Réseau pour la transition énergétique fédérait autour d’un projet d’énergie renouvelable des partenaires et acteurs d’horizons divers. Une vision que l’association  ne cesse de défendre aujourd’hui, comme le montre tout récemment sa campagne « Fiers de nos énergies » !  Et ce n’est que le début ! 

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