Un territoire mobilisé autour de son « projet alimentaire territorial » en Auvergne

Le Grand Clermont et le Parc naturel régional du Livradois Forez se sont associés pour écrire, avec tous les acteurs locaux, le scénario agricole et alimentaire de leur territoire d’ici 2050. Avec comme mot d’ordre : relocaliser l’alimentation.

Prenez une agglomération de 420 000 habitants côtoyant un territoire rural où se développe l’élevage, la production de fromage et de viande, et une plaine, terre de céréales. Comment évaluer les besoins alimentaires de ces habitants et les potentiels de la production agricole locale ? Et surtout, comment obtenir un meilleur taux d’auto-approvisionnement ? Dans le cadre de leur Projet alimentaire territorial (PAT), le Grand Clermont et le Parc naturel régional (PNR) Livradois-Forez, en Auvergne, ont entrepris de répondre à ces questions. « L’objectif était de lier le bassin de consommation au bassin de production », résume Jérôme Prouhèze, directeur adjoint du développement au sein du Grand Clermont.

Afterres 2050

Lauréats de l’appel à projets du Programme national pour l’alimentation en 2016 (créé pour encourager les initiatives des collectivités relatives aux enjeux sanitaires, socio-économiques et environnementaux de l’alimentation), les deux structures ont débuté leurs travaux à partir de 2017, accompagnées par l’association Solagro, sur la base du scénario de transition agricole, alimentaire et climatique que cette dernière a conçu : Afterres 2050. « Ce scénario nous a permis de choisir une approche prospective et d’analyser les impacts de nos actions ou au contraire de notre inaction », détaille Etienne Clair, responsable du pôle développement économique au PNR.

Après ce diagnostic du territoire et un travail documentaire, toutes les parties prenantes – agriculteurs, transformateurs,distributeurs et consommateurs – se sont assis autour d’une table à l’occasion de plusieurs ateliers afin d’aborder des thèmes « de la production à l’assiette », tels que le foncier et l’occupation des sols, la restauration collective… Au total, 110 structures ont participé aux débats et 250 personnes ont été mobilisées. « Il a été un peu complexe de faire venir la grande distribution par exemple, mais nous y sommes parvenus », se souvient Jérôme Prouhèze qui se réjouit notamment de la présence de la coopérative Limagrain à ces échanges, en tant qu’un interlocuteur incontournable.

Des objectifs à mettre en œuvre

Le PNR et le Grand Clermont livreront mi-2018 les objectifs de leur PAT. Parmi eux : une autonomie alimentaire de 50 % sur les fruits et légumes qui devrait nécessiter de transformer « 4000 hectares de terres vers le maraîchage » selon  Etienne Clair, et le principe selon lequel le local doit bénéficier à tous. Dans cette optique, une plateforme de distribution mettant en relation producteurs et distributeurs (grandes surfaces et commerces de proximité) devrait être créée pour faciliter l’accès aux produits locaux.

Au final, cette première étape « prospective » a coûté 90 000 euros, incluant notamment les prestations du bureau d’études pour l’élaboration et l’animation du PAT ; le PNR et le Grand Clermont ayant été encouragés grâce à diverses aides financières notamment celle de l’Ademe. Désormais, il faut trouver les moyens de mettre en oeuvre ces objectifs : une nouvelle phase qui se déroulera sur deux ans et nécessitera notamment l’embauche d’une animatrice dès septembre, pour un budget de 80 000 euros.

Par Claire Baudiffier, journaliste.

Crédit photo : Grand Clermont.

Des PAT en pleine évolution

Dans une vaste étude parue en avril 2018, l’Ademe a analysé les effets sociaux et économiques d’une évolution du système alimentaire vers des pratiques et des approvisionnements plus durables. Parmi eux, les Projets alimentaires territoriaux (PAT) dont la dynamique est en pleine croissance. Le Ministère de l’agriculture en dénombre déjà une centaine et a pour objectif la création et la mise en oeuvre de 500 PAT d’ici 2020. Parmi les points de blocage soulevés par les auteurs : « le code des marchés publics et les règles de concurrence à faire évoluer pour favoriser l’approvisionnement local des restaurants collectifs dans le cadre de la commande publique », expliquent les collectivités interrogées qui expriment également « le besoin de soutien, de moyens financiers, d’ingénierie et de mise en réseau et d’animation nationale au-delà de la multitude des appels à projets. »

Aller plus loin : Analyse des effets économiques et sociaux d’une alimentation plus durable – Ademe – Avril 2018 – www.ademe.fr
Publication

Cet article est extrait du CLER Infos n°119

Sur le terrain, les agriculteurs observent et subissent le dérèglement climatique. En modifiant leurs pratiques agricoles, en réduisant leur consommation d’énergie ou en produisant des énergies renouvelables, ils peuvent aussi agir pour en réduire les effets. Alors que le système agricole et alimentaire français est responsable d’un tiers de nos émissions de gaz à effet de serre, les pouvoirs publics tardent pourtant à prendre des mesures à la hauteur des enjeux. Comment encourager les pratiques agro-écologiques ? Quels projets d’énergie renouvelable favoriser ? Comment les légumineuses agissent-elles en faveur du climat ? Comment activer le levier de l’alimentation durable, main dans la main avec les collectivités locales ?

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