Réseau RAPPEL, la force du collectif face à la précarité énergétique

À l’occasion de la Journée contre la précarité énergétique, le Réseau des Acteurs de la Pauvreté et de la Précarité Énergétique dans le Logement a questionné les partenaires qui soutiennent le RAPPEL. L'ADEME, la Fondation pour le logement et EDF, partenaires historiques du réseau, partagent leur vision sur le rôle du réseau.

Avec Christina Nirup, coordinatrice de l’Observatoire National de la Précarité EnergétiqueADEME, Nathalie Douziech, responsable des partenariats nationaux Lutte contre la précarité énergétique – EDF, Julie Courbin, chargée de mission Offre Nouvelle de Logement, Fondation pour le Logement des Défavorisés.

Comment évolue aujourd’hui la précarité énergétique en France ?

Christina Nirup : Depuis une dizaine d’années, le nombre de ménages en situation de précarité énergétique semble stable autour de 3 millions, soit environ 10 % des foyers. Cette stagnation apparente masque en fait une dégradation : le taux de pauvreté atteint 15,4 %, les impayés d’énergie ont augmenté de plus de 20 % en un an et de plus en plus de ménages affirment à la fois avoir eu froid l’hiver et chaud l’été. Les aides exceptionnelles (bouclier tarifaire, chèques énergie) ont limité la casse : sans elles, la précarité énergétique aurait atteint 17 % des ménages. Mais les problèmes structurels demeurent : hausse durable des prix, logements mal isolés, politiques publiques instables et manque de main-d’œuvre dans la rénovation.  

Julie Courbin : Longtemps négligé, le sujet de la précarité énergétique est désormais au cœur des politiques publiques, grâce notamment à des réseaux comme le RAPPEL qui ont permis de diffuser outils et savoirs auprès des professionnel·les. Mais la prise de conscience ne suffit pas. Le nombre de ménages concernés continue d’augmenter et les moyens pour y répondre ne suivent pas. Le chèque énergie n’a pas été revalorisé depuis 2019 – alors que les factures explosent. Quant au récent « stop and go » de MaPrimeRénov’, force est de constater qu’il a mis en difficulté à la fois les ménages et les opérateurs associatifs qui les accompagnent. 

« Longtemps négligé, le sujet de la précarité énergétique est désormais au cœur des politiques publiques, grâce notamment à des réseaux comme le RAPPEL qui ont permis de diffuser outils et savoirs auprès des professionnel·les. »

Julie Courbinchargée de mission Offre Nouvelle de Logement, Fondation pour le Logement des Défavorisés

Quelle est la contribution du réseau RAPPEL dans la lutte contre la précarité énergétique ?

Christina Nirup : C’est un espace d’échanges unique entre des acteurs venus d’horizons très différents : technicien·nes, travailleur·euses sociaux·ales, collectivités, associations. Croiser des expériences variées permet d’aborder un problème systémique dans toute sa complexité. Le réseau est dynamique, combine des outils solides (mailing list, webinaires, journées nationales) et une animation humaine très réactive. Il peut aussi porter des positions que des structures institutionnelles comme l’ONPE ne peuvent pas exprimer directement.  

Nathalie Douziech : Pour EDF, le RAPPEL a un triple intérêt : opérationnel, en nous connectant à des professionnel·les de terrain ; en termes d’expertise, grâce à la veille et aux échanges sur les dispositifs ; et en matière d’image, en renforçant notre rôle d’acteur engagé sur les territoires. Il a aussi une fonction de vigie : les retours du terrain alimentent nos réflexions et nos pratiques pour orienter notre programme R&D, et diffuser les bonnes idées à l’échelle nationale via nos correspondants solidarité.  

« C’est un espace d’échanges unique entre des acteurs venus d’horizons très différents. »

Christina Nirupcoordinatrice de l’Observatoire National de la Précarité Energétique – ADEME

Quels sont vos souhaits pour la suite du réseau ?

Julie Courbin :  Personnellement, j’aimerais que le réseau n’ait plus de raison d’exister, mais j’ai bien conscience que c’est un espoir vain ! L’important aujourd’hui est qu’il continue à faire évoluer sa gouvernance : intégrer davantage d’acteurs de terrain aux côtés des financeurs, renforcer la collégialité des décisions, et préserver la dimension d’animation humaine qui a fait sa force jusqu’ici. 

Nathalie Douziech : Après une année consacrée à la refonte de sa gouvernance, il faut que le RAPPEL continue cette belle dynamique de réseau. Observer et agir : c’est cette complémentarité qui en fait un partenaire précieux, y compris pour des structures comme la nôtre. 

« Observer et agir : c’est cette complémentarité qui en fait un partenaire précieux, y compris pour des structures comme la nôtre. »

Nathalie Douziech responsable des partenariats nationaux Lutte contre la précarité énergétique chez EDF