Régions « à énergie positive » : effets d’annonces ou actions concrètes ?

Un grand nombre de Régions, toutes tendances politiques confondues, portent désormais une vision énergétique très ambitieuse. Derrière ces excellentes intentions, comment engagent-elles des actions concrètes pour accélérer la transition ?

L’étendard « Région à énergie positive » a propulsé l’Occitanie sur le devant de la scène énergétique en 2015. Récemment, la Bourgogne-Franche-Comté et le Grand Est lui ont emboîté le pas ainsi que l’Ile-de-France qui s’est engagée fin mai vers un « objectif 100 % renouvelables et tendant vers zéro carbone en 2050 ». Aujourd’hui, on en oublierait presque que la dynamique de « Troisième révolution industrielle » (dite rev3) dans les Hauts de France porte une même ambition depuis fin 2013 ! Avoir une vision pour l’avenir de son territoire est un excellent point de départ pour mettre en mouvement tous les acteurs. Mais il faut aussi mettre en œuvre les moyens nécessaires pour accompagner la réalisation des objectifs affichés…

Des stratégies de territoires

Depuis la loi de Transition énergétique, les Régions et les intercommunalités ont été promues au premier plan pour la coordination et la planification énergie-climat. Une des premières missions que les Régions doivent assumer, en lien avec l’Etat, est l’animation d’observatoires régionaux de l’énergie et du climat. Parmi les plus avancés, Ener’GES en Bretagne et l’OREGES en Auvergne-Rhône-Alpes proposent des profils énergie-climat aux territoires intercommunaux, qui simplifient considérablement les premières étapes de réalisation d’un Plan climat-air-énergie territorial (PCAET).

Plus généralement, la territorialisation par les Régions de leurs stratégies de transition énergétique est aussi fondamentale que variable (le plus souvent, les Régions coopèrent avec la direction régionale de l’Ademe, et parfois la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement). Avec leurs programmes d’accompagnement Territoires à énergie positive, Auvergne-Rhône-Alpes et Nouvelle Aquitaine proposent les écosystèmes les plus complets aux collectivités locales. En Occitanie, l’appel à projets Energies renouvelables coopératives et citoyennes participe à structurer la capacité d’agir des acteurs locaux dans la durée, en les aidant à constituer des opérateurs énergétiques territoriaux.

Objectif : mutualiser

Récemment créés, les fonds régionaux de transition énergétique (rassemblés depuis janvier 2018 au sein de l’association nationale Fonds régionaux pour la transition énergétique) favorisent l’émergence et la démultiplication de projets locaux en mutualisant les expertises techniques, financières et juridiques, et en travaillant en lien avec les territoires et les industriels de l’énergie. Pour ce faire, ces fonds investissent notamment dans des projets d’énergie renouvelable avec tout type d’acteurs : opérateurs et industriels privés, mais aussi collectivités, collectifs agricoles ou citoyens, ainsi qu’aux différentes phases du projet, notamment celle cruciale du développement (1).

« Quatre Régions consacrent plus de 1 % de leur budget aux questions énergie-climat »

Pour catalyser la rénovation performante des bâtiments, Energies Posit’IF et Oktave fournissent un service clé en main et un accompagnement tout au long des différentes étapes du projet, respectivement aux responsables de copropriété en Ile-de-France et aux propriétaires de maison individuelle dans le Grand Est. Enfin, l’organisation d’une ingénierie d’appui aux stratégies et actions d’animation territoriales revêt des formes variables selon les régions : si des agences régionales publiques (ARPE Occitanie) ou mixtes (AURA-EE) peuvent assurer cette fonction, il apparaîtra souvent plus pertinent de structurer et d’appuyer techniquement et financièrement un réseau d’acteurs existants. C’est le choix qu’a adopté la région Bourgogne-Franche-Comté pour accompagner ses territoires TEPOS, ou encore la Bretagne en s’adossant sur le maillage des Pays.

Et dans les budgets

Enfin, l’ambition réelle des Régions sur la transition énergétique se mesure aussi aux moyens financiers engagés. Quatre Régions consacrent plus de 1 % de leur budget aux questions énergie-climat : Nouvelle-Aquitaine (50,3 millions d’euros), Occitanie (36,3 millions d’euros), Pays de la Loire (32 millions d’euros), Bourgogne-Franche-Comté (21,6 millions d’euros) (2). Globalement, les montants alloués sont encore loin de refléter leur rôle de « cheffes de file » en la matière.

Par Yannick Régnier, responsable de projets énergie et Territoires, CLER – Réseau pour la transition énergétique

www.territoires-energie-positive.fr

Notes

(1) Voir le rapport « Financer le développement des projets EnR d’intérêt territorial »
(2) Voir l’article « Transition énergétique : des régions toujours pingres », Contexte, 22 mai 2018

Publication

Cet article est extrait du CLER Infos n°119

Sur le terrain, les agriculteurs observent et subissent le dérèglement climatique. En modifiant leurs pratiques agricoles, en réduisant leur consommation d’énergie ou en produisant des énergies renouvelables, ils peuvent aussi agir pour en réduire les effets. Alors que le système agricole et alimentaire français est responsable d’un tiers de nos émissions de gaz à effet de serre, les pouvoirs publics tardent pourtant à prendre des mesures à la hauteur des enjeux. Comment encourager les pratiques agro-écologiques ? Quels projets d’énergie renouvelable favoriser ? Comment les légumineuses agissent-elles en faveur du climat ? Comment activer le levier de l’alimentation durable, main dans la main avec les collectivités locales ?

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