Géothermie : un potentiel à creuser
Les 7 et 8 mars se tient la Semaine de la chaleur renouvelable organisée par l'ADEME . Parmi les solutions qui intéressent de près les collectivités : la géothermie, une solution aussi décarbonée que souple et compétitive.
Avec quelque 7 TWh produits en France, en 2020 – contre 35 prévus par la Programmation pluriannuelle de l’énergie –, la chaleur renouvelable par géothermie a encore bien du chemin à parcourir pour atteindre ses objectifs de 2023 et de 2028 : soit, respectivement, 42,5 et 48 TWh. Au minimum.
Mais les nombreux avantages de cette chaleur lui confèrent un fort potentiel dans les années à venir.
Un excellent bilan carbone
Cette énergie reste largement décarbonée, malgré la nécessité d’apports ponctuels de gaz dans les réseaux de chaleur, en géothermie profonde, ou le recours à l’électricité pour les pompes à chaleur, dans le cadre de la géothermie de surface.
« Selon nos calculs, le raccordement de 20 000 logements à un réseau de chaleur en géothermie profonde permet d’éviter le rejet de 29 000 tonnes de CO2. C’est l’équivalent de 20 000 voitures retirées de la circulation », note Marion Lettry, directrice énergies renouvelables du Sipperec, syndicat mixte aux manettes de cinq de ces réseaux en région parisienne, adhérent du CLER-Réseau pour la transition énergétique.
Des économies garanties
Locale et inépuisable, cette chaleur est également permanente et facilement pilotable. Autre atout : son emprise sur le sol demeure faible. Mais elle est aussi très compétitive, même en intégrant le coût des chantiers et des infrastructures.
« L’abonnement représente le plus gros de la facture, environ 70%. Protégé des envolées du prix des énergies fossiles, l’usager bénéficie ainsi d’un tarif maîtrisé et garanti sur la durée de la délégation de service public, soit une trentaine d’années », explique Marion Lettry.
Une solution adaptable
Enfin, différentes technologies existent pour s’adapter à chaque territoire. La présence d’une nappe d’eau chaude (de 50 et 90°), à 1 500 ou 1 800 mètres de profondeur, comme celle du Dogger francilien, permet le développement des réseaux de chaleur. Grâce à d’importants volumes d’énergie, ils alimentent des quartiers entiers, des bâtiments publics et du tertiaire.
Les sources de chaleur plus importantes, de l’ordre de 150°, sont exploitables par certains industriels, comme les brasseurs alsaciens. Enfin, via des forages ne dépassant pas 100 ou 200 mètres, avec ou sans eau mais complétée de pompes à chaleur, la géothermie de surface alimente, un peu partout, des éco-quartiers, des équipements publics, du tertiaire…
Des avantages multiples
La géothermie de surface représente aujourd’hui 75% de la puissance installée de la filière. En Occitanie, cette solution a permis notamment d’équiper le siège social d’Airbus, à Toulouse, sur cinq hectares, via une boucle d’eau tempérée. Les immeubles isolés ou les logements individuels peuvent aussi en bénéficier.
Ses plus ? « Pour passer de 10° ou 15° à 30 ou 60°, elle consomme peu d’électricité, jamais plus de 15% du total », souligne Romain Genet, référent géothermie au sein du cabinet d’étude et de conseil Inddigo, autre adhérent du CLER-Réseau pour la transition énergétique. L’installation d’Airbus, par exemple, restitue 6,5 fois plus d’énergie qu’elle n’en consomme. « Elle nécessite également peu de maintenance et elle autorise aussi la production de froid, indispensable à la plupart des bâtiments tertiaires comme aux établissements de santé », reprend Romain Genet.
Des projets à venir
Aujourd’hui, la géothermie ne représente que 4% de la chaleur renouvelable mais les collectivités s’y intéressent de plus en plus. À Ambérieux, les bassins du centre nautique devraient bientôt être chauffés en géothermie de surface. Portés par le Sipperec, de nouveaux chantiers de géothermie profonde sont en cours, à Pantin, aux Lilas et au Pré-Saint-Gervais, tandis que le réseau de Grigny-Viry se développe vers Sainte-Geneviève-des-Bois et Fleury-Mérogis, pour alimenter notamment la plus grande maison d’arrêt d’Europe. Un deuxième puits est prévu en 2023, un 3e en 2025. D’autres projets sont également à l’étude en Auvergne.
Une énergie locale, inépuisable et compétitive