Biodiversité et énergies renouvelables : un horizon commun
ECLR (Energies Citoyennes Locales et Renouvelables, prononcé « éclair ») fédère plus de 70 porteurs de projets – collectifs de citoyens, professionnels et collectivités – engagés dans le développement des énergies renouvelables citoyennes et participatives de la région Occitanie. À la veille des rencontres du réseau Cler à Toulouse, nous avons donné rendez-vous à Clémence Souid-Poncelin, animatrice du réseau pour l'Hérault, le Gard et la Lozère.
Le réseau Cler et ECLR Occitanie animent une communauté d’acteurs de la transition énergétique et de la biodiversité. Quel est l’objectif de cette initiative ?
C. S-P. : En tant qu’adhérent, ECLR Occitanie participe aux travaux du réseau Cler. En 2021, avec le Gefosat, lui aussi adhérent actif du réseau Cler, nous avons organisé une journée autour du parc photovoltaïquecitoyen des Survoltés d’Aubais. Nous avons choisi d’y faire participer des associations de défense de la biodiversité, en organisant une journée inter-réseaux, en partenariat avec France Nature Environnement qui venait de sortir le photoscope, un outil d’aide au positionnement et de dialogue environnemental. Nous nous sommes dit que ce serait dommage de s’arrêter là, d’autant que cette journée était une vraie réussite. Et cette année, nous organisons donc, avec le soutien de la Région Occitanie et de l’ADEME, des journées thématiques sur trois sites différents de production d’énergie renouvelable : le parc photovoltaïque citoyen de Brengues (11 avril), le parc éolien d’Arfons-Sar (21 mai) et une centrale agrivoltaïque dans les Pyrénées orientales (3 juin). Notre but est de favoriser la rencontre les associations spécialisées dans la défense de la biodiversité et les acteurs et actrices des énergies renouvelables pour que le dialogue soit possible et constructif. Ce sera d’ailleurs le thème à la conférence plénière des Rencontres du réseau Cler le 18 juin au matin à Toulouse !
«Alors que le déploiement des énergies renouvelables prend du retard et que la 6e extinction de masse s’accélère, il est indispensable de mettre tous les acteurs de la transition écologique autour de la table pour sortir des incompréhensions mutuelles.»
Clémence Souid-Poncelinanimatrice du réseau ECLR pour l’Hérault, le Gard et la Lozère
ECLR a créé l’outil de sensibilisation Energie Mix, de quoi s’agit-il ?
C. S-P. : Nous avons créé cet atelier de sensibilisation en partant du principe qu’il fallait réussir à parler d’énergie de manière plus apaisée, à partir des bonnes informations. Sur un temps court de 2h30, les participants peuvent se parler et apprendre. La transition énergétique consiste à choisir un mix énergétique plutôt qu’un autre : on met les gens en position de discuter sous différents angles les choix et enjeux associés, le tout de manière ludique mais en s’appuyant sur des travaux prospectifs sérieux. Il s’agit aussi de sortir des débats binaires centrés sur l’électricité (nucléaire versus énergie renouvelable), car ils occultent énormément les autres enjeux, la chaleur renouvelable, l’usage de la biomasse ou encore les incertitudes technologiques. La modalité de conférence est inversée avec Energie Mix : les gens posent eux-mêmes les questions aux experts. C’est un outil riche et pas du tout descendant. On propose aussi des formations à l’animation d’Energie Mix, afin qu’il puisse être déployé partout en France.
ECLR défriche aussi le champ de l’éolien en mer citoyen ?
S-P. : Un débat public sur l’éolien en mer a eu lieu en 2021 pour la Méditerranée : on avait mobilisé notre réseau afin de réfléchir sur la question : à quel point le financement et le portage de ces parcs peuvent laisser de la place, dans les décisions et tout au long de l’exploitation des parcs, aux territoires ? Au Danemark, un parc au large de Copenhague est à 49% la propriété d’une coopérative d’habitants, preuve que c’est possible de faire de l’éolien en mer citoyen ! Il y a aussi un parc éolien en mer qui sera bientôt la propriété des coopératives citoyennes en Belgique.
Mais afin de pouvoir déployer ce type de projet en France, il faudrait débloquer certains points juridiques et politiques. Il s’agit de sortir de cette idée française selon laquelle les coopératives ne pourraient faire que de petites installations solaires sur toitures ! Une idée fausse on le voit, dès qu’on porte le regard au-delà de nos frontières, mais aussi du côté de la Bretagne ou des Pays de la Loire où les projets éoliens terrestres citoyens se comptent par dizaine.
Découvrez notre webinaire sur le partage de la valeur des projets de l’éolien en mer.