Alerte grand froid : la précarité énergétique, il faut en sortir !

Les mauvaises performances thermiques des logements combinées à la vétusté des équipements de chauffage et de production d’eau chaude sanitaire gonflent les factures énergétiques des citoyens et accentuent leur pauvreté. Qu’ils renoncent à les payer ou préfèrent renoncer à se chauffer pour en limiter le montant, cette réalité quotidienne d’un-e habitant-e sur cinq en France, touche les plus modestes, et en particulier les locataires ou les étudiants.

« Ma pension me permet de vivre, pas d’avoir un chauffage »

A chaque période de grand froid se multiplient les témoignages de familles en souffrance dans leur propre logement, victimes d’une situation qui n’est pas une exception, puisqu’elle concerne un Français sur cinq, soit plus de douze millions de personnes ! « Dans la maison, je me balade avec des couettes », « je fais partie des Français qui ont froid chez eux » ou encore « Neige et froid : ces Français qui peinent à se chauffer » : les titres d’articles alertant citoyens et pouvoirs publics inondent la toile dès que baisse le thermomètre.

En vue de l’élection présidentielle de 2017, le CLER – Réseau pour la transition énergétique s’est associé à une large palette d’acteurs pour lancer l’Initiative Rénovons, dans le but de faire connaître auprès des décideurs et du grand public les conditions nécessaires et les solutions existantes qui conduiront à massifier les rénovations énergétiques de qualité et en promouvoir l’intérêt économique, social, environnemental, sanitaire, ainsi que la mise en sécurité des logements.

Les solutions existent

La situation n’est pourtant pas nouvelle en France, au point qu’en 2011 fut créé un Observatoire de la précarité énergétique visant à lutter contre la progression de la précarité énergétique. Depuis 2007 déjà, le Réseau des acteurs de la lutte contre la précarité énergétique et la pauvreté dans le logement (RAPPEL) alerte et agit, se fixant pour objectif d’inverser la course folle du nombre de ménages concernés par la précarité énergétique, grâce à l’implication des professionnels qui sur le terrain accompagnent au plus près les ménages concernés. Et depuis 2013, notre association coordonne les Services locaux d’intervention pour la maîtrise de l’énergie (SLIME), un dispositif qui permet aux collectivités territoriales de structurer et d’animer localement leur plan d’action face à la précarité énergétique.

La lutte contre ce fléau est d’abord une question de santé publique ! Une étude réalisée en 2017 rappelait ainsi le coût du mal logement pour la société : l’asthme et la broncho-pneumopathie chronique obstructive représentent 82 milliards d’euros de dépenses par an pour les Etats européens, dont 42 milliards pour les traitements. Le restant représente les arrêts maladie et les pertes de productivité au travail. Selon l’Initiative Rénovons, lorsque les passoires énergétiques occupées par les familles les plus modestes auront été rénovées, ce sont plus de 850 millions d’euros de frais de santé qui seront économisés en France chaque année !

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(Crédit/Photo de couverture : Stéphanie Lacombe)

Mettre en oeuvre un plan d’actions global

Sans engagement politique fort,  le phénomène de la précarité énergétique tendra à s’intensifier dans les prochaines années, au fil des augmentations continues des prix de l’énergie. C’est pourquoi le CLER – Réseau pour la transition énergétique réclame depuis de nombreuses années un plan d’action global contre la précarité énergétique.

Les mesures phares que nous portons sont les suivantes :

  • Rénover massivement le parc de logements français à un haut niveau de performance énergétique. Notamment, élargir le programme Habiter Mieux de l’Anah, renforcer et sécuriser ses financements, tout en réaffirmant qu’un gain de performance énergétique minimal de 25% n’est pas un objectif, mais bien un minimum.
  • Intégrer la performance énergétique des logements dans les critères qui régissent la décence, pour le parc locatif.
  • Développer des solutions de préfinancement des travaux, aussi bien pour les subventions de l’Anah que pour le financement du reste-à-charge, via le fonds de garantie pour la rénovation énergétique prévu par la loi TECV de 2015.
  • Renforcer et mieux financer l’accompagnement global des ménages (vers, pendant et après des travaux ou une médiation locataire-bailleur), essentielle pour faire entrer les ménages dans une dynamique de travaux, et également pour les y maintenir.
  • Mieux coordonner les acteurs et les actions, ce qui commence par la création d’une délégation interministérielle qui regrouperait a minima le logement et l’énergie, et idéalement les affaires sociales et la santé.

Pour aller plus loin

Initiative RénovonsRéseau RAPPELLes SLIME
Contact

Marie Moisan

Responsable de projets Précarité énergétique

marie.moisan[arobase]cler.org
Contact

Danyel Dubreuil

Responsable de l’initiative Rénovons !

danyel.dubreuil[arobase]renovons.org
Contact

Bouchra Zeroual

Coordinatrice du programme SLIME

bouchra.zeroual[arobase]cler.org
Contact

Jennifer Lavallé

Responsable du Centre de ressources du CLER

jennifer.lavalle[arobase]cler.org