Adapter les bâtiments aux vagues de chaleur

Hakim Hamadou est expert au service Bâtiment de l’ADEME. Co-auteur de l’avis sur le confort d’été publié en juin 2024, il détaille les recommandations concrètes de l’Agence pour adapter les bâtiments aux vagues de chaleur.

Dans quelle mesure les bâtiments sont exposés aux vagues de chaleur ?

Hakim Hamadou : Même dans un scénario de respect de nos engagements climatiques, plus d’un quart des bâtiments seront exposés à un risque très fort. Sans régulation climatique, sur un scénario tendanciel, ce chiffre monte à presque 65 %. Dans l’hypothèse des + 4 °C en 2100, c’est 90 % du parc immobilier. L’enjeu est considérable. Dans le cadre du projet de recherche RÉSILIANCE, il a été testé des logements plus ou moins récents, du tertiaire, des écoles localisées à Paris et à Nîmes avec les scénarios prospectifs 2050 et des intensités caniculaires plus ou moins sévères. Si nous ne faisons rien, nous serons dans le rouge. Dans un grand nombre de cas, des solutions d’adaptation existent.

« Si nous ne faisons rien, nous serons dans le rouge. »

Hakim Hamadouexpert au service Bâtiment de l’ADEME

Quels leviers activer pour adapter les bâtiments ?

H.H. : L’adaptation des enveloppes des bâtiments avec des niveaux d’isolation suffisants, des protections solaires efficaces est indispensable mais ne résoudra pas tout. Un bon niveau de ventilation nocturne, avec des gestes et comportements adaptés, couplé au recours ponctuel à des brasseurs d’air permet d’assurer des niveaux de confort, y compris dans les projections sans scénario caniculaire extrême. Face à une canicule sévère comme celle de 2003, il faut apporter du froid actif et prioriser les équipements les plus vertueux et efficaces, qui n’aggravent pas l’îlot de chaleur urbain. Le ventilateur de plafond permet de gagner en température de ressenti entre 3 et 4 °C lorsqu’il est bien dimensionné, choisi et installé. C’est une solution prometteuse qui pourrait être déployée dans des logements, des salles de classe, etc. Elle devra sans doute être associée à d’autres techniques : géocooling, froid évaporatif, puits climatique ou réseaux de froid. Lutter contre les canicules et les surchauffes est un argument supplémentaire pour faire de la rénovation énergétique globale et rendre du confort.

Quelles méthodes de rafraîchissement déployer à l’échelle de la ville ?

H.H. : Il faut privilégier toutes les solutions fondées sur la nature à l’échelle de la parcelle et de l’aménagement urbain. Ce sont les deux leviers qu’il faut actionner en parallèle à des échelles de différents bâtiments ou territoires.